Êtes-vous auteur, auteure ou autrice ?Je suis autrice et fière de l’être. Beaucoup...
2021-09-09T00:00:00+02:00
Êtes-vous auteur, auteure ou autrice ?
Je suis autrice et fière de l’être. Beaucoup n’apprécient pas ce mot, et souvent sans en comprendre son origine. Chacun est libre de son choix et ce choix doit être respecté.
Auteur : Mot masculin du latin Auctor Autrice : Mot féminin du mot latin Auctrix Auteure : Mot féminin québécois/canadien
Autrice, de lointaines origines
Je ne vais pas parler du mot masculin, cela n’a que peu d’intérêt. Je me lance directement avec sa version féminine Auctrix. Ce mot latin est apparu très tôt, entre le Ier et le IIe siècle apr. J.-C.. Ce mot dérive d’un autre qui n’a rien en rapport, mais l’importance est l’évolution du latin qui a permis cette création.
Au Moyen-Age, ce mot continue de vivre dans le milieu de l’art et de la littérature. À partir du XVe siècle, les lexiques et les dictionnaires intègrent les mots Auctrix et Autrice qui deviennent répandus dans tous les domaines.
Madeleine de France, fille de Charles VII, se présente comme autrice (lettre en 1480). Par la suite, Marguerite d’Autriche et Marie de Romieu l’utiliseront. Autrice traverse les siècles sans faiblir. Si vous lisez les vieux textes : traités, œuvres littéraires… vous n’y échapperez pas. Hommes et femmes utilisaient donc autrice.
Début du conflit
C’est au cours du XVIIe siècle que le conflit se met en place, et notamment à la création de l’Académie française qui a décidé de condamner la version féminine d’Auteur. La raison est complexe, et je vais raccourcir pour éviter un bloc de dix pages.
À l’époque, les femmes de lettres prenaient de l’ampleur et, donc, du pouvoir. Cela dérangeait les hommes de la haute société. Remettez-vous dans le contexte : aucune égalité comme aujourd’hui. Le pouvoir était détenu par les hommes majoritairement et les femmes n’avaient pas leur mot à dire. L’Académie française a statué sur certains mots ; de féminin, certains passèrent au masculin quand cela était possible. Pour d’autres, la forme féminine fut carrément éliminée : comme Autrice. Pourtant, il a continué à exister, et il existe toujours.
L'entêtement de l'Académie
Toutefois, l’Académie française a longtemps persisté dans son refus de le réintégrer. Beaucoup de mots ont une version féminine, grâce à l’émancipation de la femme qui peut désormais être directrice, électrice, la ministre… À savoir que même les auteurs (hommes et femmes) aujourd’hui utilisent la version féminine dans leurs écrits et pour se désigner. De même, les maisons d’édition l’acceptent et la revendiquent. Il ne s’agit pas d’une pure invention, et encore moins une revendication des féministes.
Le Canada, le Québec, la Suisse, des pays plus avancés que nous
Auteure est canadien et québécois, également utilisé en Suisse. Il apparaît depuis quelques années en France, adopté sans doute par méconnaissance du mot Autrice. Il n’est donc pas une hérésie, juste que ce n’est pas un mot français.
N’est-ce pas une preuve, qu’en France, nous avons un réel problème ? Que nous avons un retard important, une mentalité qui n’a pas évolué et qui reste coincée dans une époque qui n’est plus la nôtre en s'opposant à la féminisation du mot auteur ?
La légitimé enfin de retour en 2019
En 2006, le Conseil supérieur de la langue française a donné un accord favorable au mot auteure. L’Académie française a suivi le mouvement en 2019… 2019 les amis. Bien qu’ils aient favorisé un mot étranger plutôt qu’un mot français et qu’ils aient été longs à la détente, il y a malgré tout du progrès.
Il a fallu attendre courant 2019 pour que l’Académie française accepte définitivement la féminisation des mots de métier. 2019, alors que ces mots (on va rester sur l’exemple d’autrice) existent depuis des siècles, et que c’est l’Académie qui les a supprimés.