Interview de Marianne - Autrice auto-éditée
Je remercie infiniment Marianne pour accepter de témoigner. Elle est autrice et elle partage avec nous son vécu.
« Bonjour ! Je suis Marianne M.L, jeune autrice indépendante âgée de 20 ans. J’écris depuis l’enfance, mais j’ai réellement commencé l’écriture à partir de 14/15 ans. J’aime les histoires de fantasy et voyager à travers un autre monde pour quitter un instant cette réalité. »
Son compte Instagram : marianne_m.l
1. Parle-nous de ton parcours personnel (la scolarité par exemple, de ton quotidien), de ton parcours professionnel : Quelle a été ta relation avec les autres ? Quelle est la relation des autres ? As-tu été soutenue, mise à l’écart ? (Amis, famille, collègues, connaissances diverses et variées)
Alors tout d’abord, je ne suis pas dyslexique, je suis TDA (trouble de l’attention) sans hyper activité. J’avais énormément de problèmes à écrire, à parler, à me concentrer, à comprendre une matière.
Au début, ma relation avec les autres a été très dure, car j’étais différente. J’ai subi tout ça en étant jeune, donc, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Encore maintenant, cette peur au fond de moi est toujours là, quand je dois rentrer dans une école professionnelle.
J’ai redoublé ma 4e primaire et je n’ai pas su assimiler la matière pour passer en 5e ; on m’a orientée vers l’enseignement spécialisé. Ce genre de lycée est pour toutes les personnes autistes, gravement malades ou qui ont besoin d’un suivi médical personnalisé. Pour toutes les personnes qui ont des « dys » de style : dyscalculie, dyslexie, etc. Et les personnes qui ont d’autres difficultés à suivre l’enseignement « ordinaire ».
Du coup, je fais partie des personnes qui rencontrent des difficultés d’apprentissage. Il me faut plus de temps pour apprendre une leçon, j’ai une mémoire plus lente que la majorité des jeunes. Mais ça ne m’empêche pas d’apprendre ni de vivre une vie « normal ».
J’ai été très soutenue par mes parents, ainsi que par ma meilleure amie. Ils ont tout fait pour moi, afin que je me sente bien et ils le font encore maintenant. C’est grâce à eux et à ce lycée que je suis devenue la personne d’aujourd’hui. Ce lycée m’a énormément aidée et soutenue durant mon parcours scolaire.
2. Quel est ton ressenti, ton quotidien, par rapport à ton TDA ? L’as-tu rejeté/accepté ?
Au début, je l’ai beaucoup rejeté, car je n’arrivais pas à accepter ma différence. Pourquoi ne suis-je pas comme tout le monde ? me disais-je. Chaque fois qu’on me questionnait sur mon lycée, j’avais honte de répondre, honte parce que j’étais dans une école spécialisée. Je pensais qu’ils me jugeraient, qu’ils me considéreraient comme une gogole ou une autiste. Enfin, ça, c’est mon moi du passé…
J’ai grandi. J’ai compris et accepté cette différence. Je suis même heureuse d’avoir intégré ce lycée ; ils m’ont tant appris et tant soutenue !
3. Parle-nous un peu de tes projets personnels.
J’ai commencé l’écriture à partir l’âge de 14/15 ans, et cela m’a énormément aidée pour m’améliorer en écriture. Enfin, sachez que je fais encore des fautes d’orthographe, mais le pire est les fautes de frappes et d’inattentions. Elles me suivent depuis longtemps ! Et je n’arrive pas à m’en défaire.
Mais cela ne m’a pas empêchée de continuer ! En 2021, j’ai pris la décision de me lancer dans mon tout premier roman, parce que l’écriture me passionne énormément. Pour tout vous avouer, au début, écrire un roman m’était impossible. Pour moi, je n’en avais pas les compétences. Je préférais me réfugier dans mes fanfictions. Finalement, cette fille que j’étais se trompait complètement ! Nous sommes désormais en 2023 et j’ai terminé un roman de plus de 500 pages. Qui l’aurait cru ? Même moi je n’arrive pas à réaliser que je l’ai vraiment terminé, que j’ai eu le courage d’aller jusqu’au bout.
Après tout ce que j’ai vécu : les critiques, les moqueries, les gens qui ne croyaient pas en moi, qui se moquaient. Je l’ai fait. Je leur ai prouvé à tous que j’en suis capable, que je suis capable de réussir dans ma vie personnelle et dans mes romans.
Donc, pour tous ceux qui me lisent : Ayez la force de vous relever ! Malgré tout ce qui vous arrive, même si vous n’êtes pas soutenus par vos proches, vos amis, relevez-vous et battez-vous ! N’oubliez jamais que votre meilleure force, votre meilleur allié, c’est vous. Même si la vie peut parfois se montrer difficile, montrez-lui que vous êtes plus forts que ça.
Foncez, vivez vos rêves et ne vous bloquez pas dans votre écriture, dans votre façon d’être, dans vos idées… Plus vous vous bloquerez, moins vous avancerez. Soyez fiers de vous ! Soyez vous-même ! Soyez heureux ! C’est la clef du plus grand bonheur.
Si vous êtes parvenus à passer toutes ces étapes, alors vous avez tous gagné !
4. Quel a été, ou est toujours, ton plus grand combat ?
Hm… Difficile à répondre. Je dirais que je me bats contre moi-même. Je suis une personne hypersensible, je me bats donc chaque jour avec ça. Si des hypersensibles passent par ici, vous êtes les bienvenus !
Au début, je ne l’acceptais pas du tout. Pour moi, c’est l’un des plus grands fardeaux, mais également une chance extraordinaire. C’est un don. En réalité, je suis encore en pleine étape de l’acceptation. C’est un combat que je mène depuis très longtemps et dont j’essaie de comprendre chaque jour.
Le plus difficile est de pleurer constamment. On peut pleurer sans savoir pourquoi, ou juste parce qu’une personne à côté de nous pleure. On peut être vite fatigué, car le monde nous épuise, les personnes nous épuisent, les discussions nous épuisent et nos émotions nous épuisent. Pour ces raisons, nous avons besoin de beaucoup de sommeil. Rester seule me permet aussi de recharger les batteries.
Évidemment, la plupart des personnes ne le comprennent pas et c’est exténuant. C’est difficile. On se demande s’il n’y a pas quelque chose qui cloche chez nous. Pourquoi nous réagissons ainsi ? Pourquoi sommes-nous si sensibles ?
Sachez que c’est parfois très pénible à vivre. Mais je suis parvenue à l’accepter, entre autres. Si des personnes hypersensibles passent par ici, je tiens à vous dire que vous avez une chance d’avoir ce don. L’hypersensibilité est une immense force. Nous voyons le monde différemment, nous ressentons les choses, et cela fait de nous des humains et des personnes avec du cœur !