Interview de Grâce Akira
1. Depuis combien de temps écris-tu ?
J’écris depuis que j’ai l’âge de dix ans. À cette époque, j’ai commencé à tenir un journal intime. J’écrivais régulièrement là-dedans jusqu’à ce quelqu’un le découvre et que je le détruise. Ensuite, j’ai commencé à écrire pour participer à des concours d’écriture, afin de m’améliorer et de me confronter aux avis des autres. Je voulais savoir si j’avais un talent ou si j’adorais juste coucher des mots sur le papier.
2. Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer dans l’écriture d’un roman ? Peux-tu nous parler de ton premier texte ?
Pendant de longues années, je n’ai écrit que des nouvelles. Je me disais que je n’avais pas assez de choses à dire pour écrire un roman. Je considérais cela comme un travail titanesque (ça l’est toujours) pour raconter une histoire qui dépasserait plus ou moins une centaine de pages. À l’arrivée du Covid, début 2020, durant le confinement, j’ai ouvert mon cahier à synopsis et je me suis décidée à transformer un petit résumé en un roman. Enfin, j’avais quelque chose qui allait occuper mes journées.
Mon premier texte était sans prétention. Je voulais juste savoir si j’arriverais à créer un univers qui me permettrait d’écrire plus de 50 000 mots. Et au début, je l’ai écrit pour le présenter au concours de Wattpad, puis je me suis prise au jeu. Et j’ai aimé cette aventure qui continue aujourd’hui. « C’est moi qui l’ai fait » aussi bien concernant le contenu que l’objet.
3. Comment as-tu eu l’idée d’éditer ? (En maison d’édition, en auto-édition ou les deux) Pourquoi ce/ces choix ?
Je n’ai jamais pensé à l’auto-édition, car je m’étais renseignée un peu sur le sujet et je voyais que c’était un modèle qui ne me convenait pas. Je vis entre deux ou trois pays à cause de mon travail. Je ne me voyais pas avoir la patience de suivre tout ce processus. Dès que j’ai fini d’écrire mon premier roman, je l’ai envoyé aux maisons d’édition pour tenter ma chance.
Après une longue réflexion, j’en avais choisi deux, car je ne connaissais pas les autres. J’ai eu un refus et un accord. C’est grâce à cela que j’ai découvert tout cet univers. L’édition, les bêta-lecteurs, la correction, la réécriture, le choix de la couverture… Le long chemin qu’il faut parcourir avant qu’un roman soit dans les mains des lecteurs et des lectrices. C’est à cet instant que j’ai compris que l’auto-édition ne convenait pas.
4. Comment s’est passée (ou se passe) l’édition de ton premier roman ? Les difficultés, les facilités, le bilan.
Première difficulté : trouver des bêta-lecteurs. Je ne savais pas par où commencer. Je n’appartenais à aucun groupe Facebook. J’étais sur Instagram, mais pas dans l’univers des livres. Je me sentais seule et démunie. J’ai trouvé deux personnes qui ont accepté de m’aider, mais ce n’était pas suffisant. Si je savais tout ce que je connais maintenant, je n’aurais pas galéré comme à cette époque.
Deuxième difficulté : les corrections. Le français est une langue que j’ai apprise à l’école. Donc, le mien est mélangé avec des expressions de ma langue maternelle et d’anglicisme à cause de mon travail. En plus, j’ai découvert que la manière d’écriture est différente de celle de parler. J’ai été obligée de retourner aux fondamentaux (Bescherelle et compagnie). Et tout un monde s’est ouvert à moi.
Les facilités : L’écriture a été facile pour moi. J’ai appliqué les conseils trouvés dans le livre d’Elizabeth Georges, Mes secrets d’écrivain. Ce livre m’a été d’une grande aide. Grâce à elle, j’ai tout appris sur l’art d’écrire un roman.
Les facilités : le vocabulaire. J’ai été surprise par la quantité de mots que je connaissais. Parfois, je mets un mot au bon endroit et au bon moment et je me félicite.
Le bilan : Je m’améliore d’année en année et c’est cela qui me plaît dans cette aventure.
5. L’édition des suivants a-t-elle été différente ? En cas d’un seul roman édité, que feras-tu différemment pour les prochains ?
L’édition de mon deuxième roman a été différente, car j’ai fait appel à une bêta-lectrice professionnelle (coucou Stéphanie 🤩). J’ai réécrit complètement le roman en un mois avant de le renvoyer à la maison d’édition. J’aime chaque phrase que j’y ai écrite et l’accueil qu’il a reçu. Pour les prochains, je ne sais pas pour l’instant. On verra où le vent m’emmène.
6. Qu’éprouves-tu à la sortie de tes romans/ton roman ? (Avant, pendant, après.)
Avant la sortie de mes romans, je me pose beaucoup de questions. Et surtout pour le deuxième, je me suis demandé qui allait lire une romance lesbienne qui se passe en Afrique dans un pays que personne ne connaît. Finalement, il semble avoir trouvé son public. À la sortie, je surveille ce que se dit et quel commentaire je vais recevoir. Je regarde la courbe des ventes d’Amazon. Je me demande si je dois faire appel à un service presse ou organiser un concours. Pour le premier roman, j’ai organisé un concours et utilisé le service presse. C’est comme cela que j’ai rencontré beaucoup de gens (coucou Nano 🤗). Pour cette année, je le fais différemment et on verra ce qui se passe. Après la sortie du roman, j’en fais de temps en temps la promotion puis je passe au prochain.
7. Peux-tu nous parler de ton dernier roman édité ?
Mon dernier roman édité est une romance lesbienne young adult qui se passe en Afrique, plus précisément au Burundi, dans mon pays d’origine. Ce sont deux adolescentes ambitieuses qui découvrent l’amour à la fin de leurs années de lycées. J’y parle d’amour (bien sûr), de la relation mère-fille et de religion. L’histoire se passe au début des années 2000 quand l’on s’écrivait encore des petits billets enflammés pour déclarer notre amour. Le roman est fait de lettres, de billets, de fêtes, de rires et de pleurs. Il se termine très bien. Je vous invite à découvrir « Au nom d’une lettre » et à voyager à travers un temps inouï avant l’arrivée des téléphones portables et l’emprise des réseaux sociaux. Venez écouter la voix d’Iriza qui vous livre son cœur à travers ce roman.
8. As-tu un nouveau projet, un prochain roman sur lequel tu travailles ?
Oui, j’ai un nouveau projet sur lequel je travaille. J’ai repris un projet que j’avais abandonné pour le finir. Ce sera une histoire d’amour entre deux prêtres. Ce sera un slow burn très sexy avec beaucoup de rebondissements et une fin heureuse.
9. As-tu des rituels d’écriture ?
Non, je n’en ai pas. J’essaie d’écrire quand je peux. Après le travail, le week-end, pendant la pause au boulot. Ce que je fais, c’est qu’il doit y avoir de la musique ou un film qui passe à la télé pour me concentrer. Je me donne juste des deadlines à respecter pour finir le roman.
Cependant, au début de l’écriture d’un roman, j’ai le même rituel : je me pose des questions auxquelles je dois répondre, je fais un résumé détaillé de l’histoire, je trouve les noms des personnages (pour moi, c’est très important. Si je ne les ai pas, je n’écris pas), je me renseigne sur Google et trouve le décor de mon histoire et à la fin, je crée les fiches de personnages. Après cela, j’écris quand je peux.
10. As-tu des conseils à donner aux écrivains en herbe ou qui souhaitent se lancer ?
- Les réseaux sociaux sont tes amis. Ne reste pas enfermé chez toi ! Demande de l’aide ! Ose sortir de ta zone de confort !
- Investir un peu dans un logiciel de correction est très pratique et t’aidera beaucoup.
- Non, ton premier roman n’est pas le meilleur roman que tu as écrit. Dans deux ou trois ans quand tu le reliras, tu comprendras. Ton premier roman, c’est comme ton premier pas quand tu apprends à marcher.
- Fais des recherches ! De grâce, fais des recherches ! Les lecteurs et les lectrices ne sont pas stupides. Même si c’est de la fiction, un peu de réalisme ne fait pas de mal.
- Continue à te former, à apprendre et à nouer des amitiés ! Ton écriture changera, n’aie pas peur !
- Reprends la lecture et essaie de lire dans la langue dans laquelle tu écris. Et surtout, ne te prends pas au sérieux et amuse-toi bien !